Les tendances esthétiques sont désormais portées par les Millennials. Ce terme générationnel, dont il est hasardeux de déterminer l’âge, n’a pas de définition officielle. Il est communément admis que les Millennials sont nés entre le début des années 1980 et la fin des années 1990. Cela n’a rien d’absolu. Dans le domaine de l’esthétique et en matière d’âge de la peau, ce terme couvre une génération plus large née entre 1976 et 2000. On les appelle aussi la GEN Y ou les Digital Natives.
Terme assez intéressant au demeurant puisqu’on y aperçoit la définition d’une génération qui a grandi avec des portables, internet, les réseaux sociaux, la culture du selfie et les filtres. La tranche la plus mâture des Millennials cherche à retrouver le visage galbé qu’ils avaient quelques années auparavant, tandis que les jeunes Millennials cherchent à ressembler à leur ‘image digitale’. Dans ce qui apparaît donc comme relatif, il y a au moins cette idée de vouloir être la meilleure version de soi-même.
Que cherchent les Millennials ?
Les Millennials cherchent le bien-être, la prévention du vieillissement cutané et le rajeunissement. Ils ne se posent plus la question de savoir s’ils vont recourir un jour aux procédures esthétiques, ils se demandent plutôt quand y recourir et chez quel médecin, sauf peut-être pour certains dont la méfiance relève plus de l’incompréhension que du désaccord. Les (imprononçables) ingrédients et autres acides, à vocation fortement lyrique par ailleurs, font partie de leur discours quotidien.
C’est une génération exigeante et capricieuse parfois même ébouriffante. Lorsqu’ils foulent le sol du cabinet dermatologique, ils s’attendent à vivre une expérience nouvelle, unique, sur-mesure et veulent toujours avoir le choix. Ils ont une aptitude à repérer le baratin et sont de moins en moins dupes grâce aux réseaux sociaux.
A tort ou à raison, les applications smartphone et les filtres contribuent à façonner une image d’eux-mêmes qu’ils souhaiteraient rendre réelle. Les filtres (substituts des philtres ?) sont leurs amis ; ils les flattent mais, on le devine, échouent au test incontournable de la réalité. Bref, il faut agir !
Mais Docteur, je veux ressembler à mon moi digital !
Qui n’a jamais vécu cette expérience de vouloir ressembler à son ‘autre’ du téléphone ? cette joie de retrouver des joues rebondies, des yeux lumineux et un nez retroussé ; joie qui n’ignore rien du désastre qui s’en suit lorsque les douze coups de minuit sonneront et que les filtres disparaîtront ! Moment de pure poésie… il s’en faut pourtant de peu pour ressembler à son ‘moi digital’, quelques tweakments (améliorations subtiles) et le tour est joué !
Nous vivons à une époque où nous sommes invités à nous assumer. La phraséologie des réseaux sociaux gravite autour de l’empowerment, du travail sur soi, de la beauté intérieure, etc. Il faut dire que ça a réconcilié plusieurs personnes avec leurs corps….et leurs esprits. Aujourd’hui, si vous demandez aux Millennials ce que la beauté signifie pour eux, ils vous répondront : se sentir bien dans sa peau, avoir confiance en soi, paraître naturel, avoir une peau ‘glowy’ et les traits reposés. Somme toute, ‘rester jeune’ et ‘se sentir jeune’.
Le praticien qu’ils recherchent doit être un architecte de la peau et une oreille bienveillante. Fini les comblements ‘trendy’ pour le ‘trendy’ car les Millennials perçoivent désormais le monde à travers ce principe minimaliste : « less is more » …pourvu qu’on ait l’ivresse. Un bon praticien dans le domaine esthétique doit être non seulement un médecin mais un artiste. La vision d’un visage harmonieux et naturel doit l’emporter sur la tentation de vider des seringues ici et là, et ce, conformément à l’expression « le tout est supérieur à la somme des parties » ou comme le souligne Flaubert : « La nature est une synthèse et pour l’étudier vous coupez, vous séparez, vous disséquez et quand vous voulez de toutes ces parties faire un tout, le tout est artificiel ».Et justement, à bas le rendu artificiel !
Plus particulièrement, les jeunes Millennials n’ont pas besoin d’augmenter les volumes de leurs visages, ils cherchent plutôt une « réalité augmentée » par petites injections dans des endroits clés comme les lèvres ou les pommettes. Les Millennials les plus âgés chercheraient plutôt à ressembler à eux-mêmes mais dans une version plus jeune. D’ailleurs, il y a une dizaine d’années, les patients se présentaient devant leurs praticiens munis d’une photo de leur star préférée. Aujourd’hui, ils arrivent avec leur propre photo rectifiée ou non par des filtres. Le tout est que leurs visages ne subissent pas les effets de l’âge comme leurs parents. Ils s’intéressent aux fillers les plus performants, à l’augmentation ou à la restauration des volumes, aux lèvres, aux rides et aux ridules ; ils s’intéressent aussi à la lutte contre le vieillissement dû à la pollution (polluaging) et celui dû à la lumière (photoaging) »…le champ est vaste !
Avis aux praticiens !
Pour satisfaire cette génération de Millennials, il faut que les médecins communiquent avec eux, les écoutent, les corrigent et les éduquent aux différentes techniques. Les praticiens doivent avoir une âme d’artiste et faire des merveilles avec un minimum de produit, toujours dans le sens de l’optimisation de la beauté et la quête de l’harmonie…. ce n’est que comme ça qu’ils leur resteront fidèles et leur enverront leurs amis.