Le monde de la dermatologie esthétique connait une demande croissante du comblement des sillons nasogéniens. C’est la demande la plus courante chez les sujets mettant leur premier pas dans l’univers des injections. Si vous croyez qu’il suffit d’injecter des fillers pour faire disparaitre les sillons, alors vous vous trompez. Il y a toute une science derrière et surtout beaucoup de technique. Voici la solution non chirurgicale pour semer ces sillons et récolter la jeunesse.
Il était une fois, le vieillissement…
Le vieillissement du visage est un processus naturel et fatal ; Ça va arriver à tout le monde. Plus techniquement, il est multidimensionnel. Nous vieillissons depuis le jour où nous sommes nés. A partir de la petite trentaine, la régénération des cellules se ralentit et le visage se relâche. Ceci est dû à trois facteurs majeurs :
- La perte de la graisse faciale : Cette graisse est en fait formée de plusieurs compartiments de gras. En anglais, ils sont appelés fat pads. Avec le temps et l’effet de la pesanteur, ces poches s’amenuisent et retombent l’une sur l’autre;
- La résorption osseuse : les os sont des tissus rigides et on a du mal à croire qu’ils se résorbent. Malheureusement, la structure osseuse perd aussi de sa densité et l’échafaudage du visage rétrécit en conséquence. En d’autres termes, la chaussure (la peau) devient plus grande que le pied (le crâne) ;
- Le relâchement cutané : La peau est un tissu mou qui, dès qu’il perd de son élasticité, il tend à pendre vers le bas sous l’effet de la gravité. L’élasticité est corrélée à la présence du collagène et de l’élastine dans le derme. Avec le temps, ces deux protéines diminuent affinant la peau et créant un relâchement cutané.
Pour toutes ces raisons, les proportions faciales changent.
Les sillons sont ancrés en nous!
Les sillons nasogéniens (SNG) sont ces espèces de vallées en forme de parenthèses qui partent des ailes du nez et descendent jusqu’aux commissures des lèvres. Ils séparent la joue de la zone périorale. Les sillons font partie de l’anatomie du visage. Ne questionnez pas leur existence, nous sommes nés avec ! Ils ne disparaitront jamais car c’est ce qui nous permet de rire! Les faire disparaître c’est comme faire disparaître le pli interne du coude. Seuls ceux qui ont été foudroyés par une paralysie faciale n’ont pas de pli nasogénien en raison de la privation de mouvement.
Nous avons toutes eu des joues toniques et galbées lorsque nous étions plus jeunes. Mais, au fil du temps et à cause des trois facteurs sus citées, les joues perdent leur volume et s’affaissent. Cette perte de volume conduit à la formation d’un bourrelet qui retombe sur le nez créant ainsi ce qu’on appelle un pli ou un sillon nasogénien. Les SNG ne sont pas forcément méprisables ; selon leur forme, ils peuvent ajouter du charme au visage comme un grain de beauté ou une fossette. Mais le miroir (des réseaux sociaux) est déformant. Ces vers de Baudelaire, extraits de son poème La Beauté, n’ont jamais été aussi actuels : « Je hais le mouvement qui déplace les lignes, et jamais je ne pleure et jamais je ne ris ».
Quand est-ce que les sillons nasogéniens deviennent un problème ?
Ce n’est pas parce que vous accourez chez votre médecin en disant « Au secours Docteur, je ressemble à Droopy » qu’il va vous traiter! Vous n’êtes éligible au traitement que lorsque le médecin acquiesce à vous les traiter sans broncher. La correction des SNG n’est pas systématique chez tout le monde. Si votre médecin est honnête et respecte des valeurs éthiques et morales, il vous recommandera ou non d’améliorer leur apparence. Dans un visage jeune, les sillons nasogéniens sont assez plats et soutenus par des joues développées. C’est avec l’affaissement des joues que les plis nasogéniens se creusent. Et comme on dit en Alsace, plus la montagne est haute, plus la vallée est profonde. La plupart des problèmes au niveau des sillons nasogéniens sont dus à la dépression des pommettes. Un effet domino se déclenche et provoque des « drapages » au niveau du visage que ce soit au niveau de la vallée des larmes (tear trough en anglais) ou au niveau des sillons nasogéniens.
Il y a quelques années, les médecins injectaient des fillers dans le sillon pour le combler mais avec l’expérience, ils ont conclu que pour remettre les sillons à leur place, il fallait rétablir les volumes au niveau du milieu du visage et notamment au niveau des joues.
Quelle stratégie d’injection?
Si vous demandez à un médecin comment résumer l’opération de redressement des sillons nasogéniens, il pourrait vous dire ceci :
- Il faut sélectionner les patients éligibles aux injections :
Pas toutes les personnes peuvent espérer une correction des sillons nasogéniens avec des injections. Certaines personnes auront besoin de passer par un lifting (partiel ou total) ou par l’excision des sillons nasogéniens.
- Il faudra analyser le visage du patient pour apprécier les endroits à injecter :
Connaître l’anatomie du visage est beaucoup plus importante que l’injection en elle-même. Il faut repérer les endroits qui ont besoins d’être comblés : combler les zygomatiques (les joues) ou un petit peu le bas du visage? Les tempes auraient-elles besoin d’un petit shoot aussi ?
Les médecins respectent une règle d’or en matière de sillons nasogéniens (et des lèvres soit dit en passant): lifter le visage que ce soit au niveau des joues ou des tempes avec des injections et attendre de voir les répercussions sur les SNG. En général, les plis se détendent à la suite d’une telle correction sans avoir besoin d’injecter les SNG directement.
Dr. Giovanni SALTI, chirurgien esthétique de renom en Italie préconise de traiter la partie médiane du visage comme ceci :
- L’injection se fait au niveau de la joue médiane (malar deep space). Cette technique améliore la projection de la pommette, réduit le sillon et réduit même le cerne. C’est une approche holistique qui donne un rendu naturel à la joue. L’injection se fait en profondeur pour structurer les couches adipeuses profondes (deep fat layers) et renforcer les ligaments. Les SNG vont s’ouvrir comme on ouvre un porte-monnaie.
- Dans le cas des sillons prononcés, une injection dans la fosse piriforme, un espace triangulaire situé juste en profondeur des narines, doit être comblé selon un schéma particulier.
Mise en garde : Un sillon prononcé ne doit pas être injecté directement et superficiellement ; cela ne fera qu’aggraver le creux. D’ailleurs, le protocole suivi pour « repasser » les sillons passe par une restauration des volumes au niveau de la partie médiane du visage, sans toucher aux sillons eux-mêmes.
- L’injection se fait au niveau de la joue médiane (malar deep space). Cette technique améliore la projection de la pommette, réduit le sillon et réduit même le cerne. C’est une approche holistique qui donne un rendu naturel à la joue. L’injection se fait en profondeur pour structurer les couches adipeuses profondes (deep fat layers) et renforcer les ligaments. Les SNG vont s’ouvrir comme on ouvre un porte-monnaie.
- La rhéologie du produit fait partie de la réussite du traitement :
Chaque patient aura besoin d’un produit différent. Il ne s’agit pas de la marque du produit mais plutôt de la taille moléculaire de l’acide hyaluronique. La rhéologie du produit est importante selon les zones du visage à injecter et les couches et la profondeur ciblées.
Y a-t-il des risques ?
Oui, le risque existe. N’essayez pas de faire vos sillons nasogéniens ailleurs que chez un médecin expérimenté. C’est une zone risquée dans la mesure où elle est traversée par l’artère faciale.
Si vous ‘googlez’ les conséquences d’un comblement des sillons, vous verrez des photos horrifiantes de visages nécrosés. Les médecins devraient être bien formés pour éviter toute complication et toute déception quant au rendu final.
Donc…
Avant de franchir le pas, choisissez le bon médecin qui saura vous parler et vous guérir des images « avant/après » des réseaux sociaux. N’oubliez pas que même les enfants ont des sillons nasogéniens car ces derniers font partie intégrante du visage. Si vous avez réellement besoin de lifter vos sillons, alors faites-le toujours dans le cadre de cette règle : Le meilleur traitement esthétique est celui qui ne se voit pas (Less is more!). Pour y arriver, il faut trouver le bon médecin qui injectera le bon produit au bon endroit avec la bonne technique et le bon dosage. Ca justifie bien les honoraires !